Les Bio’Jours, qui ont ouvert leurs portes ce samedi à Faucogney-et-la-Mer, se poursuivent ce dimanche. La 21e foire éco-bio festive accueille près de 130 exposants. Le public est au rendez-vous, un soutien bienvenu pour les producteurs confrontés à un contexte difficile.
Comme tous les agriculteurs, ceux certifiés bio doivent faire face cette année à une météo particulièrement humide. À cause de la pluie, « certains éleveurs ont perdu tout leur foin, tout leur regain », indique Hélène Chevalier, coprésidente du Groupement des agriculteurs bio de Haute-Saône (GAB 70). Maxime Lamy, producteur de céréales et fabricant de farine et de pain bio à Cornot, près de Combeaufontaine, avec trois associés, a fait les comptes : « On a récolté un tiers de notre production habituelle. La météo ne nous a pas permis d’aller dans les champs au bon moment, la vie du sol ne s’est pas bien développée au printemps, où on a connu quinze jours de froid… Il y a eu une combinaison de beaucoup de facteurs. »
Un contexte économique difficile
Le contexte économique n’est pas idéal non plus. « Depuis l’an dernier, on a constaté une baisse de la clientèle sur les marchés », relate Romain Aubry, un des trois associés de la Ferme de la Grosse grange, à Raddon-et-Chapendu. « Le pouvoir d’achat y est pour beaucoup, avec les idées reçues sur le bio plus cher que les produits de grandes surfaces, ce qui n’est pas toujours vrai. » Pour faire face, un rendez-vous comme la foire bio de Faucogney est apprécié : « On voit beaucoup de monde, y compris des gens qu’on ne connaît pas et qu’on retrouve ensuite pendant l’année. »
Face aux difficultés rencontrées par la filière, Hélène Chevalier aimerait davantage de soutien des pouvoirs publics. « Les aides de la PAC ont été diluées en direction de différents labels », déplore la responsable du GAB 70. « Le bio est le gros perdant car les aides n’ont pas augmenté, contrairement à nos coûts de production. » Elle-même maraîchère, elle est confrontée à la politique des aides à la surface, qui la défavorise.
Des aides d’urgence ont été mises en place face à baisse de la consommation de bio, reconnaît Hélène Chevalier. « Mais plus de la moitié des agriculteurs bio de Haute-Saône n’y ont pas droit, à cause des différents critères à respecter. En ce qui concerne la météo 2024, on demande des aides sans conditions, pour que personne ne reste sur la touche. »
« Nous sommes le seul label qui garantit zéro pesticide », assure la coprésidente du GAB 70. « Il protège la biodiversité, limite la pollution des eaux… C’est vrai depuis cinquante ans, mais nous ne sommes pas vraiment soutenus. Il faudrait faire les mêmes efforts pour le bio que pour les énergies renouvelables. » À Faucogney, elle prêche des convaincus.
La foire bio de Faucogney se poursuit ce dimanche 10 h à 19 h. Entrée gratuite. Marché, animations, artisanat, restauration, conférences et concerts. À 17 h, bal paysan avec le groupe HK (participation éventuelle au chapeau).
Produits bio : les principales règles
Le bio : on en parle, on en consomme, mais on ne connaît pas forcément les efforts que cela implique pour les producteurs. Voici quelques principes de base, résumés par les agriculteurs bio eux-mêmes.
▶ Les légumes bio sont cultivés dans le respect des saisons. Ils sont issus de semences ou de plants certifiés bio sans OGM. La monoculture est interdite, et la rotation des cultures est obligatoire. Ils poussent obligatoirement en pleine terre (hors sol interdit), avec du terreau utilisable en bio. Ils ne reçoivent pas d’engrais ou de traitements chimiques de synthèse. Les exploitations sont contrôlées au minimum une fois par an.
▶ Les produits céréaliers et les légumineuses bio sont cultivés puis conservés sans engrais ni traitements chimiques de synthèse. Après transformation, ils ne contiennent pas de colorants ou conservateurs chimiques. Chaque étape de leur production est contrôlée. Leur monoculture est interdite. Ils sont issus de semences certifiées bio, sans OGM.
▶ Une vache bio mange uniquement des aliments bio sans OGM. Ses aliments doivent être produits localement (au moins 70 %). Son veau est nourri avec du lait bio pendant au moins trois mois. Son élevage est contrôlé au moins une fois par an. Elle a accès au pâturage dès que la météo le permet. Ses traitements antibiotiques sont interdits en systématique. L’utilisation d’hormones pour la reproduction est interdite.
▶ Le vin bio est produit à partir de raisins certifiés bio, produits sans engrais ni traitements chimiques de synthèse. L’usage du cuivre et du dioxyde de soufre est limité sur les vignes. Le sucre ajouté est également certifié bio. Les domaines sont contrôlés minimum une fois par an. La désalcoolisation est interdite.